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En 2025, l’artisanat reste un pilier de l’économie française avec 1,8 million d’entreprises recensées, soit un quart du tissu entrepreneurial selon Propulse by Crédit Agricole. Ce secteur couvre plus de 250 métiers, répartis en quatre grands univers : bâtiment, alimentation, production et services.
Les entreprises artisanales emploient plus de 4,2 millions de salariés, représentant 21 % de l’emploi privé en France d’après les données publiées par l’U2P.
Pourtant, ces chiffres masquent des dynamiques régionales disparates et des tensions structurelles croissantes.
Dans des régions historiquement artisanales comme la Nouvelle-Aquitaine, les chiffres reculent. Le nombre d’entreprises artisanales y est passé à 155 449 au 1er janvier 2025, soit une baisse de 10,7 % en un an, selon la Chambre de Métiers et de l’Artisanat régionale. Si le dysfonctionnement du nouveau Registre national des entreprises (RNE) est partiellement en cause, ce chiffre traduit aussi un malaise plus profond.
Une enquête menée en début d’année auprès d’artisans de la région révèle que 40,6 % d’entre eux se disent en difficulté financière. Les raisons évoquées :
Le secteur du bâtiment, traditionnel moteur de l’artisanat, est en net repli. La dernière note de conjoncture de la CAPEB révèle une baisse de 5 % de l’activité artisanale du bâtiment au 1er trimestre 2025, et même –10 % dans la construction neuve.
Les professionnels dénoncent l’impact du ralentissement immobilier, la complexité des normes énergétiques (RE2020, ZAN), et l’absence de visibilité sur les aides à la rénovation.
Malgré ces tensions, de nombreux artisans misent sur la montée en compétence pour rebondir. En 2025, 46,7 % des chefs d’entreprise artisanale déclarent vouloir se former, ou former leurs salariés et apprentis, principalement sur la gestion, le numérique et la transition écologique.
Mais un autre défi s’annonce : celui de la transmission. D’après l’APCMA, près de 300 000 entreprises artisanales devront changer de main dans les cinq prochaines années. Et faute de repreneurs, certains savoir-faire risquent de disparaître, en particulier dans les métiers rares et les zones rurales.
Parmi les 1,8 million d’entreprises artisanales actives en France, une part importante relève de ce qu’on appelle l’artisanat d’art : des métiers à la frontière entre technique et création, savoir-faire et expression. Menuisiers-ébénistes, céramistes, couturiers indépendants, ferronniers, tanneurs, savonniers… ces artisans incarnent une certaine idée de l’excellence française.
Selon l’INMA, près de 38 000 entreprises relevant des métiers d’art étaient recensées en 2023. Elles emploient environ 60 000 actifs, pour l’essentiel en TPE, parfois isolés, souvent peu visibles. Ce patrimoine vivant, reconnu par l’UNESCO, constitue pourtant un levier culturel, économique et touristique majeur.
Depuis quelques années, les ateliers d’enseignement par des artisans connaissent un engouement nouveau, en partie grâce aux réseaux sociaux et aux plateformes de stages comme Wecandoo. Le public redécouvre ces gestes ancestraux.
Mais derrière cet engouement, les professionnels alertent sur la fragilité des structures. Les coûts de production (énergie, matières premières) explosent.
Dans les métiers du bois et du métal, la transmission est un enjeu critique. Nombre d’ateliers peinent à trouver des apprentis ou repreneurs. Un rapport de l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers et de l’Artisanat estime que 30 % des artisans d’art partiront à la retraite d’ici 2030, sans garantie de relève.
Les formations existent, mais souffrent encore d’un manque d’attractivité, malgré un regain d’intérêt pour les métiers manuels. Les jeunes sont nombreux à se dire intéressés par ces métiers “de sens”, mais les parcours restent longs, techniques, exigeants — et les débouchés parfois incertains.
Un grand nombre de céramistes restent dépendants de la vente en direct ou en boutique éphémère, sans filet économique solide. La plupart se reconvertissent en professeur et donnent des ateliers poterie, mais cela ne suffit pas toujours.
Le made in France dans la couture et la mode est vivant, mais reste étouffé par le poids de la fast fashion. Les couturiers et créateurs indépendants doivent composer avec des marges faibles, des volumes restreints et une communication souvent artisanale elle aussi.
Pourtant, des plateformes comme La Fabrique Hexagonale ou Mode Estime recensent des dizaines de marques locales, parfois très engagées socialement. Leur défi ? Rester visibles et viables dans un marché saturé.
Depuis l’explosion du DIY et du naturel, la cosmétique française connaît un boom, notamment via des marques indépendantes de savons à froid, de baumes ou d’huiles. Des entreprises comme Savon de Joya, Comme Avant ou la bien connue marque Aroma Zone.
Mais le cadre réglementaire européen reste complexe pour ces petites structures : obligation de déclaration, de tests, d’étiquetage, et coûts prohibitifs pour certains laboratoires. Beaucoup choisissent l’auto-entreprise, la vente locale ou les marchés… mais peinent à passer à l’échelle supérieure sans accompagnement.
L’artisanat français est reconnu à l’étranger, labellisé, soutenu dans les discours… mais trop souvent délaissé dans les faits.
Il manque une vraie stratégie publique de soutien au développement, à la visibilité, à l’exportation et à la transmission de ces métiers. En 2025, de nombreux artisans alertent : sans politique volontariste, ce pan du patrimoine vivant pourrait continuer à s’éroder.
Alors que les discours officiels valorisent l’artisanat comme incarnation du “made in France”, les professionnels attendent des mesures concrètes :
L’image romantique de l’artisan passionné, seul dans son atelier, ne suffit plus. En 2025, l’artisanat est un secteur économique majeur, en attente d’un changement d’échelle dans la reconnaissance et les moyens qui lui sont accordés.